Une visite aux hospices de Beaune m’a permis d’admirer le retable du Jugement dernier de Rogier Van der Weyden. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de le voir et j’ai eu la chance de pouvoir l’observer dans des conditions privilégiées, c’est-à-dire sans touristes et en silence, dans la pénombre de la salle où il est présenté. L’accrochage permet d’en voir les détails et les dimensions assez réduites de la pièce permettent de se trouver en face à face avec l’œuvre de manière assez intime pour en apprécier toutes les caractéristiques.
J’aime particulièrement, chez van der Weyden, la couleur, le dessin et la précision quasiment photographique de la représentation des personnages. J’aime aussi les détails plus cocasses, crus et réalistes, assez courants chez les primitifs flamands, des hommes et femmes précipités aux Enfers, représentés dans l’aspect le plus scabreux de leur condition humaine.
Au-delà du caractère esthétique et historique du retable, un détail, en plein centre de la composition, a attiré mon regard. Saint Michel, affairé à peser les âmes de ces pauvres gens, porte une magnifique broche faite d’or, de perles et de rubis. Que n’avais-je pas vu là ! Bien sûr, cela n’a pas été long avant que ne germe dans mon esprit l’idée extravagante d’en fabriquer une en pâte polymère. Qui ne rêve pas d’un pendentif gothique, après tout ? Quelques mois ont passé avant que l’idée ne se concrétise, et puis le moment est venu.
Tout d’abord, un premier modelage, tout en rencontrant les aléas de la mollesse de la pâte et la difficulté de ne pas déformer l’ensemble à chaque manipulation. La symétrie et la régularité des lignes laisse à désirer mais l’aspect général est assez harmonieux.
J’ai préféré conserver ce « prototype » en l’état, comme référence. J’ai effectué ensuite un moulage silicone pour faire d’autres exemplaires mais je trouve que, chaque fois, je perds en précision. Il faut alors retravailler chaque empreinte obtenue.
La première a été dorée avec une feuille métallique, après cuisson. Mais, lorsqu’on n’a pas l’habitude de cette technique, le résultat est quelque peu hasardeux, la feuille craquèle et n’épouse pas les reliefs, il faut boucher les trous. Le médaillon brille de mille feux et la brillance révèle chaque irrégularité tout en étouffant les reliefs. J’ai écarté cette technique pour les finitions car elle me laisse quelque peu perplexe.
Je n’ai pas essayé la peinture acrylique ni les pâtes polymères à effet métallique car ce n’est pas le rendu que je souhaite. La poudre Pearl Ex, en revanche, donne un bon résultat qui, une fois les pierres collées et le montage effectué, est dans l’esprit de l’original (si on n’y regarde pas de trop près).